Cladémoji

Un émoji est un symbole ou une petite image qui peut être inséré dans un message ou un texte pour représenter une idée, une émotion, un objet ou un être vivant. Les émojis sont définis par une norme : le standard Unicode. Ce code est le même partout dans le monde et sur tous les appareils (ordinateurs, téléphones, tablettes, navigateurs internet...). Cela veut dire que le nombre d'émojis est limité et contrôlé par un organisme officiel (le Consortium Unicode). On ne peut pas inventer de nouveaux émojis librement.

Chaque émoji est défini par un nom et une courte description, mais souvent de manière très vague. Par exemple pour l'émoji singe 🐒 : « A monkey, a small primate with long limbs and tail for climbing trees. »

Les entreprises (comme Microsoft, Apple, Google, Samsung...) doivent respecter le standard Unicode, mais elles peuvent dessiner les émojis comme elles veulent. C'est pour cela qu'un même émoji peut avoir un style ou des détails différents selon les marques (voir figure ci-dessous).

Enfin, comme la description des émojis est souvent imprécise, il est difficile de savoir exactement quelle espèce est représentée par un émoji d'animal ou de plante. L'interprétation est donc nécessairement subjective : chacun peut y voir une espèce différente.

Les émojis présents dans Cladémoji ont été choisis dans la liste des émojis de l'Unicode 16.0 en respectant plusieurs critères.

Tout d'abord seuls les émojis représentant clairement un être vivant ont été sélectionnés. Parmi ceux-là, les doublons semblant évoquer la même espèce ou le même groupe d'espèces ont été éliminés, comme les nombreuses représentations de l'homme, ou par exemple le poussin 🐤 et la tête de poule 🐔 qui appartiennent à la même espèce que le coq 🐓.

Les émojis évoquant de grands groupes n'ont été conservés que si aucun émoji plus précis n'était disponible, comme la bactérie 🦠, seule représentante de son règne, mais contrairement au poisson 🐟 qui est trop générique tout en étant en concurrence avec le poisson tropical 🐠 et le poisson-globe 🐡 qui évoquent des groupes de poissons plus précis.

Enfin, les émojis représentant des espèces éteintes comme le dodo 🦤, le T-rex 🦖, le sauropode 🦕 et le mammouth laineux 🦣 ont été écartés car l'application Cladémoji a pour objectif l'étude de la biodiversité actuelle uniquement.

La détermination des espèces associées aux émojis dans Cladémoji réplique en grande partie les choix subjectifs effectués dans l'étude de Mammola, Falaschi et Ficetola (2023). Certaines espèces ont été modifiées pour correspondre plus fidèlement aux choix de représentation les plus courants des émojis. Les émojis manquants dans l'étude de 2023 ont été ajoutés et déterminés subjectivement par l'auteur de Cladémoji.

Lorsque certains émojis ne s'affichent pas correctement dans Cladémoji, cela est généralement lié à la prise en charge de la norme Unicode par l'appareil ou le navigateur utilisé. Cladémoji requiert la version 16.0 d'Unicode pour afficher l'ensemble de ses symboles. Cette version 16.0 d'Unicode est sortie le 10 septembre 2024.

Si votre système ne dispose pas d'une version suffisamment récente, certains émojis pourront apparaitre sous forme de petits carrés blancs □, de rectangles blancs verticaux ▯, ou de losanges noirs contenant un point d'interrogation �. Il est possible que vous puissiez régler ce problème d'affichage en mettant à jour votre système d'exploitation ou votre navigateur, ou bien en changeant de navigateur.

L'arbre phylogénétique de Cladémoji a été conçu pour être intuitif et facile à explorer. Il est constitué de nœuds et de branches qui illustrent les relations évolutives entre les groupes d'espèces. La racine de l'arbre se trouve tout à gauche. Chaque nœud représente le dernier ancêtre commun d'un groupe qui inclut tous ses descendants (un clade). Une branche représente une lignée, c'est-à-dire une succession d'ancêtres et de descendants. En cliquant sur les symboles « + » ou « – » vous pouvez déplier ou replier les branches pour visualiser plus ou moins de détails selon vos besoins.

La structure de l'arbre de Cladémoji représente les relations de parenté consensuelles selon la littérature scientifique la plus récente. Ces analyses phylogénétiques reposent sur des données génétiques (séquences d'ADN), morphologiques, et paléontologiques, et utilisent les techniques les plus modernes et les plus sophistiquées telles que l'inférence par maximum de vraisemblance ou l'inférence bayésienne. Malgré cela, certaines branches restent irrésolues et controversées. Dans ces cas le choix a été fait de tout de même représenter une série de dichotomies plutôt qu'une polytomie montrant l'irrésolution afin de faciliter la lecture de l'arbre. Certaines branches de l'arbre pourraient donc changer dans de futures versions de Cladémoji pour refléter l'évolution du consensus scientifique.

Pour comparer la proportion d'émojis et la proportion d'espèces réelles connues et nommées, Cladémoji utilise un test Z bilatéral de proportion à un seuil de 5 % (p = 0,05). L'hypothèse nulle considère que la représentation par émojis résulte d'un tirage aléatoire, comme si l'on piochait des espèces dans un ensemble infini. Le test compare alors la différence observée aux fluctuations attendues sous une loi normale qui approche la distribution binomiale qu'on attend pour un tel tirage aléatoire.

Des proportions en apparence très différentes peuvent apparaitre comme non significativement différentes si le nombre d'émojis est faible, ce qui est tout à fait normal. En effet lorsqu'on tire aléatoirement très peu d'émojis les chances d'obtenir par hasard une proportion dans l'échantillon assez éloignée de la proportion dans la population totale sont assez élevées, ce qui empêche logiquement de rejeter l'hypothèse nulle d'un tirage aléatoire.

Par exemple les suidés (famille des cochons et des sangliers 🐖🐗) sont représentés par 2 émojis pour 17 espèces connues alors que les équidés (famille des chevaux, des zèbres et des ânes 🦓🫏🐎) sont représentés par 3 émojis pour seulement 9 espèces connues. Cela fait donc une distribution de 40 % / 60 % en termes d'émojis contre 65 % / 35 % dans la réalité. Cependant le test statistique ne trouve pas que ces énormes différences entre ces proportions sont significatives car si on ne tire que 5 émojis aléatoirement il n'est pas suffisamment improbable d'en piocher par hasard seulement 2 dans le groupe représentant 65 % des espèces et 3 dans le groupe en représentant 35 %.

Gardez tout de même en tête que ce test reste simpliste : lorsque le nombre d'émojis est faible, les approximations sur lesquelles il repose ne sont théoriquement pas valides, les résultats sont donc imprécis et à interpréter avec prudence. De plus, comme pour tout test statistique, le choix d'un seuil différent (par exemple 1 % au lieu de 5 %) pourrait changer le résultat.

Non, la biodiversité ne se limite pas au nombre d'espèces (richesse spécifique). Elle englobe aussi la diversité génétique (variations au sein de chaque espèce), la diversité phylogénétique (distribution des espèces dans l'arbre du vivant), la diversité fonctionnelle (rôles écologiques et adaptations) et la diversité des écosystèmes (différents habitats et interactions). Chacun de ces aspects de la biodiversité peuvent être calculés de plusieurs manières et combinés de différentes façons.

Par exemple, la diversité phylogénétique incorpore les longueurs des branches reliant les espèces pour évaluer leur biodiversité, mais les longueurs de ces branches peuvent elles-mêmes être mesurées selon divers critères : durée temporelle entre deux nœuds, nombre de nœuds intermédiaires, distances génétiques (nombre de mutations), distances morphologiques (nombre de changements de caractères phénotypiques), etc. Cladémoji se concentre sur la seule dimension cladistique pour sa simplicité d'usage et son intérêt pédagogique, mais il est important de garder à l'esprit que les critères de diversité vont bien au-delà du simple comptage d'espèces dans des clades.

Il faut ainsi garder à l'esprit que deux clades ayant le même nombre d'espèces peuvent être composés d'espèces très similaires entre elles ou bien d'espèces très variées. On pourrait donc critiquer le fait que ces deux clades soient représentés par le même nombre d'émojis.